jeudi 24 mars 2011

Nîmes, Montpellier, Marseille ou Perpignan : les Gens du Sud sont-ils superficiels et ouverts ?

Micro-trottoir : Les préjugés des gens du Nord et du Sud

Scénario : Montpellier, une longue queue dans une poste plus ou moins au centre de la ville. À côté de la queue, sans soucis d'être écoutée par les autres clients, une jeune dame est scotchée à son téléphone. "Non, je ne reste pas ici", s'adresse-t-elle à son interlocuteur invisible, mais d'une voie qui oblige tout le monde à l'entendre, "je déteste Montpellier. Les gens sont si superficiels. Je reviens à Paris dès que je peux."
 
La plupart des gens font semblant de n'avoir rien entendu. D'autres sourient, et encore d'autres font la grimace. Une dame âgée est la seule à réagir : "Bon voyage !", lance-t-elle, et ses lèvres ne sourient pas.
 
Une dame à Perpignan a évidemment meilleure opinion des gens de la Méditerranée. Malgré les plus de quinze ans - "et demi !" - qu'elle vit déjà au Sud de la France, son accent anglais est toujours audible... ce qui ne l'empêche pas de se sentir "plus française qu'autre chose. Mais", ajoute-t-elle, "je ne pourrais vivre que dans le Sud. Ici, les gens sont beaucoup plus ouverts que dans le Nord. À Paris, si vous souriez à quelqu'un dans la rue, il se sent agressé tout de suite."
 
Deux "jugements" sur les Gens du Sud : "ouverts" d'un côté, "superficiels" d'un autre. Les deux attributs sont-il compatible ?
 
C'est une dame de Marseille qui a une réponse. Elle aussi vient du Nord, du Danemark, et se sent chez elle dans le Sud de la France. "J'en ai assez d'entendre que les gens ici seraient superficiels. Oui, au Nord, tout le monde dit ça. Ils ne comprennent rien. À Copenhague, par exemple, pour rencontrer quelqu'un, il faut qu'on soit introduit. Mais si, au début, on connaît personne qui puisse nous introduire, on ne connaîtra jamais personne." Elle hausse la tête, puis continue : "Ici, les gens sont différents. Ils se parlent, même s'ils ne se connaissent pas. Ils sont toujours prêts à faire connaissance. Au début, ces connaissances sont superficielles, bien sûr. Et pas toutes les connaissances ne deviennent des amis. Mais comment peut-on trouver des amis si on ne commence pas par des connaissances soi-disant 'superficielles' ?"
 
Un Monsieur d'une soixantaine d'années qui vit également à Marseille a trouvé une autre explication. "J'ai passé toute ma vie active à Paris. À Paris, si je voulais fréquenter quelqu'un à titre personnel, j'étais obligé de l'inviter chez moi. Mais avant d'inviter quelqu'un, on veut être sûr que la personne est correcte, n'est-ce pas ? J'attends alors jusqu'à ce qu'on la connaisse mieux. Ici à Marseille, vous n'avez pas besoin d'attendre. On se rencontre sur une terrasse de café et on fait connaissance. On est sur terrain neutre, personne n'a peur de se tromper." - Et pourquoi les Parisiens ne font-ils pas pareil ? Le Monsieur sourit. "Connaissez-vous les prix aux cafés à Paris ? En plus, la plupart du temps, il fait trop froid pour profiter des terrasses de café."
 
Un Nîmois - "je n'ai jamais quitté Nîmes, sauf pour les vacances" - ne voit pas le besoin de réfléchir profondément sur la question. "Ils nous trouvent superficiels ? Eh oui, c'est comme ça. Ils ont probablement raison. Ici, on aime le soleil et la fête. Ça leur plaît pas ? Il n'ont qu'à vivre ailleurs."
 
Une dame dans la trentaine, Nîmoise d'élection - "depuis que je vis à Nîmes j'ai plus d'amis qu'auparavant" - ne pas non plus de problème avec l'attribut "superficiel" : "Si 'superficiel' rime avec 'amis', c'est une bonne chose. Communiquer, se parler, est la seule chose qui compte pour moi."
 
Un étudiant allemand à Montpellier a pris sa décision. "Oui, les gens ici sont plus superficiels qu'en Allemagne, c'est vrai", déclare-t-il. "Ils ne s'interrogent pas à chaque seconde sur le sens de la vie. Et c'est comme ça qu'ils donnent un sens à la vie : vivre, tout simplement. Se faire un bon temps avec le soleil - hm, le soleil, oui, la plupart du temps. J'ai l'intention de revenir et de travailler ici après la fin de mes études."
Copyright Doris Kneller

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